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Posté le: Sam Mar 04, 2006 9:27 pm Sujet du message: La Camargue bientot sous les eaux ? |
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La montée du niveau de la mer menace d’inondation le centre du delta du Rhône.
Milieu particulièrement riche et fragile, le delta du Rhône est, dans le temps et l’espace, dépendant des apports en alluvions du fleuve, mais aussi du niveau marin, le dessin de la côte évoluant au fil des siècles.
Il y a 6 000 ans. La montée du niveau de la Méditerranée commence à ralentir, en conséquence de quoi le littoral avance. Auparavant, cette montée due à la fonte des calottes glaciaires était de 3 cm par an. On sait que le débit du Rhône dépend du climat et, depuis le néolithique, de l’occupation du sol par l’homme. Ce débit conditionne l’apport des sédiments et donc la multiplication des embouchures ainsi que la rapidité d’avancée de la côte. Les chercheurs du CNRS estiment que cette « poussée » du delta vers la mer a, depuis cette époque, déporté le trait de côte d’environ 20 kilomètres.
Entre le XVIe et le XIXe siècle. C’est une période que les géologues appellent le « petit âge glaciaire ». Le niveau de la mer baisse et, durant ces trois siècles, l’activité humaine et la démographie ne cessent d’augmenter dans le bassin-versant. En conséquence de cette « crise climatique », une érosion accrue entraîne un apport important de sédiments qui provoquent par exemple l’envasement du port d’Aigues-Mortes - d’où s’était embarqué saint Louis pour la croisade.
Au XXe siècle. Le delta du Rhône fonctionne comme un système ouvert recevant les apports sédimentaires du fleuve et alimentant du même coup la plate-forme sous-marine du golfe du Lion. À l’échelle d’une année, cependant, les mouvements sont plus complexes. On note en hiver un « amaigrissement » des plages de sable en fonction des houles et des vents, suivi le plus souvent en été d’un « engraissement ». Le trait de côte est donc mobile, ce qui, notamment pour la Camargue, ne présente aucun danger tant qu’une langue d’une centaine de mètres existe entre le bord de l’eau et la dune de protection. Or la montée du niveau relatif marin est de 2 millimètres par an depuis 1905, et le phénomène s’amplifie. Cela se double d’une réduction des apports du Rhône qui, depuis la fin de la « petite période glaciaire », sont passés de 30 millions de tonnes de sédiments par an à trois fois moins aujourd’hui.
Et demain ? Les scientifiques estiment que le réchauffement de la planète contribue pour 1 millimètre par an à la montée du niveau de la mer. En outre, depuis quelques années on assiste à une remontée de la nappe d’eau salée qui affecte les grands étangs méridionaux, ce qui à terme met en péril la Camargue rizicole. L’apport en sédiments tendant à - devenir déficitaire (moins 700 000 mètres cubes sur la côte, qui peu à peu recule), la moitié sud du delta pourrait bientôt être submergée puisque un tiers de sa surface est à un demi-mètre au-dessous du niveau de la mer. Un village comme Les Saintes-Maries-de-la-Mer pourrait être encerclé par l’eau de mer.
Pour parer à ces dangers, la France prend exemple sur ce qui se passe à l’étranger : dans le Mississipi, on laisse circuler la partie des eaux d’inondation chargée en sédiments, ce qui augmente la résistance à la montée générale des eaux ; aux Pays Bas et en Espagne, on procède, plus simplement, à des apports artificiels en sable. Des techniques qui s’avèrent aussi efficaces que les enrochements artificiels qui brouillent quelque peu l’image de marque de la - Camargue.
P. J.
Article paru dans l'édition du 18 février 2006
Source: http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-02-18/2006-02-18-824364 |
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